80 km/h - Les plumés de la route écrivent aux pantins politiques !
Mercredi 27 juin 2018 (soirée), quelques militants de la FFMC 44 ont emplumé les boites aux lettres de 4 députés de la Loire-Atlantique :
– François DE RUGY (Nantes)
– Valérie OPPELT (Nantes)
– Sarah EL HAIRY (Nantes)
– Audrey DUFEU SCHUBERT (Saint-Nazaire)
Un courrier a été également déposé dans leur boite aux lettres.
En voici le contenu (le même texte pour tous les députés) :
Objet : 80 km/h - Etes vous prête à en assumer les conséquences ?
Madame la députée,
Nous vous avons déjà interpelé par courrier à propos des mesures du Comité Interministériel de Sécurité Routière (CISR) du 9 janvier 2018, dont la mesure du 80 km/h, pour lesquelles ni vous, représentants du peuple et élus par lui, n’avez été consultés, ni nous, experts reconnus participants aux travaux du CNSR (Conseil National de la Sécurité Routière).
Soit nous n’avons reçu aucune réponse de votre part !
Est-ce par incapacité à nous fournir une réponse circonstanciée ?
Est-ce par mépris pour nous les usagers lambda de la route ?
Soit nous avons reçu une réponse qui reprend les éléments de langage du Premier Ministre !
Est-ce par incompétence à nous fournir une réponse personnalisée ?
Est-ce pour faire injure à notre intelligence, à notre connaissance de la réalité de la route ?
Nous étions en droit de recevoir beaucoup mieux d’une élue du peuple !
Votre responsabilité envers les citoyens de votre circonscription n’est pas d’être un pantin dont le Premier Ministre agite les ficelles au gré de ses points d’intérêt !
Votre responsabilité est de rencontrer ceux et celles qui vous interpellent et qui œuvrent au quotidien à l’amélioration de la sécurité routière, de proposer des mesures beaucoup plus intelligentes comme la FFMC le fait depuis près de 40 ans.
Mais non, vous avez préféré ne rien faire ou répéter en boucle les propos du Premier Ministre.
Madame la députée, sachez que votre silence, votre indifférence envers le quotidien et la sécurité des usagers des routes de nos territoires vous rendent coupables de complicité dans le racket organisé à travers les mesures prises par le CISR. Cette sécurité, plus que rentière, porte en son cœur une majoration des risques d’accidents car elle ignore la nécessaire démarche de prévention (avant la situation accidentogène) et privilégie la gestion de l’urgence en cas d’accident ; gestion qui est et sera toujours incertaine car dépendante de paramètres aléatoires (météo, état de la chaussée, fatigue du conducteur, …). Le seul résultat de votre positionnement risque bien d’être douleur et souffrance sur nos routes !
Depuis l’annonce des mesures du CISR, les nombreuses manifestations de mécontentement des usagers de la route auraient dû alerter les pouvoirs publics, en particulier le Premier Ministre, sur le non-sens d’imposer une mesure jugée inacceptable par la grande majorité du peuple. Bien entendu, il est nécessaire d’agir pour améliorer la sécurité routière. Bien entendu, nous partageons tous ce même souci d’épargner des vies. C’est une évidence. Mais quand ce vœu est mis en avant comme un argument « imparable » pour faire passer une mesure dont le bien-fondé n’est pas prouvé, c’est une erreur qui aura pour principale conséquence d’éloigner les usagers de la route des véritables enjeux de la sécurité routière : le partage de la route dans le respect mutuel et la bonne gestion des infrastructures routières.
Aujourd’hui, nous le savons, vous le savez, ce sont 75 % des usagers qui refusent qu’on leur impose la mesure du 80 km/h. Non pas parce qu’elle les obligera à ralentir, non pas parce qu’elle leur fera perdre du temps, mais parce que rien ne prouve que son application fasse progresser la sécurité routière et qu’ils constatent tous les jours que leurs conditions de conduite se dégradent.
Pendant ce temps là, une grande campagne de communication de type propagande a été lancée à grands frais pour les deniers publics dans la presse quotidienne régionale, à la radio, à la télévision. Et le Délégué interministériel à la sécurité routière, Emmanuel Barbe, a fait une grande tournée « pédagogique » à travers la France pour essayer de convaincre du bien-fondé de cette mesure.
Ne croyez-vous pas que cet argent public aurait été plus utile, par exemple, à mener des campagnes d’informations contre l’usage du téléphone portable au volant, sur l’usage des clignotants, sur le nécessaire partage de la route ... à réparer le réseau routier laissé à l’abandon depuis 15 ans (nids-de-poules, fissures, rainurages, chaussées dégradées et déformées, ...) ?
Là, en tant qu’élue du peuple vous auriez du intervenir auprès du Premier Ministre pour que cet argent public ne soit pas dilapidé en propagande inutile.
Savez-vous qu’en Loire-Atlantique, l’alcool représente la première cause des accidents mortels sur la route. Comment la mesure des 80 km/h peut empêcher certains conducteurs de s’alcooliser fortement !?
Cet abaissement des limitations de vitesse sur le réseau secondaire intervient en même temps que la mise en place des voitures-radars conduites par des sociétés privées et qui vont circuler 8 heures par jour sur les routes.
C’est finalement l’ensemble des usagers de la route qui va se faire plumer !
En plus d’être inefficace, cette mesure est dangereuse car il n’y aura plus de différentiel de vitesse entre les camions et les autres usagers de la route. Ce qui provoquera dépassement dangereux et énervement au volant ou au guidon … donc des accidents.
De plus, les distances de sécurité vont se réduire en-dessous des règles les plus élémentaires.
Ce sont finalement les usagers les plus vulnérables qui vont y laisser leur peau !
Interrogez-vous donc sur votre mission dans ce gouvernement et sur le mandat que vous ont confié vos électeurs ?
Ce n’est pas Edouard Philippe qui a gagné en imposant sur « conviction personnelle » sa mesure des 80 km/h, mais c’est la Sécurité Routière qui vient de perdre l’adhésion d’une bonne partie des usagers de la route.
On ne fait pas de la sécurité routière contre les usagers, mais avec eux.
Nous dénonçons l’abandon des usagers de la route face à la mise en place d’un impôt déguisé en PV, avec pour conséquence leur mise en danger liée à l’incohérence de l’abaissement de la vitesse à 80 km/h avec l’objectif prétexté de sauver plus de 300 vies par an.
La FFMC 44 continuera de dénoncer cette fausse politique de sécurité routière au delà du 1er juillet et persiste à demander la mise en place d’une politique de sécurité routière cohérente, faite avec les usagers de la route et non contre eux.
Recevez, Madame la députée, l’expression de nos respectueuses salutations motardes.