Les ZFE, une bombe sociale dans les quartiers populaires
En Seine-Saint-Denis, trois voitures sur quatre ne pourront plus circuler d’ici 2024. En cause : l’instauration des zones à faibles émissions. Dans le département le plus pauvre de France métropolitaine, les habitants sont inquiets.
Chloé saute dans sa vieille voiture, garée près de l’église des Pavillons-sous-Bois. Elle tourne la clé et la Peugeot 206, qui carbure au diesel, vrombit. « Ce vieux bolide me rend de fiers services », dit cette infirmière en addictologie. Dans une demi-heure, elle commencera sa journée de travail à l’hôpital Fernand Widal, à Paris. Avant d’appuyer sur l’embrayage, elle désigne une vignette collée sur son pare-brise. « Crit’Air 5 ». Chloé est embarrassée : son véhicule est hors-la-loi dans la zone à faibles émissions (ZFE) du Grand Paris. « Je roule tant que je ne me fais pas arrêter, confie-t-elle. J’élève seule ma fille et je n’ai pas de quoi voir venir. Avant de changer de voiture, il faut d’abord remplir le frigo, payer le loyer, les factures et, avec ce qu’il reste, partir en vacances. »